Vom Weggehen und Ankommen

CONFERENCE ST JACQUES DE COMPOSTELLE (zur deutschen Fassung)

 

SPIRITUALITE DU CHEMIN DE ST JACQUES

UN CHEMIN DE TRANSFORMATION

 

                                                                     Zürich, 26 Novembre 2016,

                                                                     Stauffacherstrasse 8/10, 8004 Zurïch

                                                                     Rémy Berchier

 

« Le pèlerin qui chemine doit accepter de se laisser transformer »

 

1.- BREVE PRESENTATION

Bonjour et merci de m’avoir invité à vous partager, bien humblement, ce que j’ai vécu, il y a déjà bien des années, sur le chemin de St Jacques. J’en suis très honoré ! Mon expérience est bien petite face à toutes celles et ceux qui se sont mis en route aux cours des siècles et spécialement, vous qui êtes dans cette salle, vous auriez tant à partager !

Je m’appelle Rémy Berchier. Je suis né dans la Broye fribourgeoise, au bord du lac de Neuchâtel, en 1956. Enfant de parents agriculteurs, pétris par la Foi en Dieu et marqués, dans le bon sens, par l’Eglise catholique. Dernier d’une fratrie de trois garçons, très vite, marqué par les curés qui se succèdent dans mon village, par un Père missionnaire et par mes parents, je ressens l’appel de Dieu à la prêtrise. Je suis une filière tout à fait normale : étude dans un collège religieux, spiritain, au Bouveret, Bac français, séminaire à Fribourg et études de théologie à l’université de cette ville. Durant ma formation théologique, deux événements marquent mon cheminement : un mois en plein désert du Sahara sur les pas de Charles de Foucauld et six mois dans un monastère bénédictin, en Bretagne, à Landevennec. Ordonné prêtre en 1982, 10 ans de ministère à Romont, dans le canton de Fribourg, comme vicaire puis curé, puis 10 ans à Bulle, toujours dans le canton de Fribourg, comme curé avec une bonne équipe de laïcs.

 

En 2001, Notre Evêque, Mgr Genoud, vient me demander d’être son Vicaire Général, avec comme mission plus particulière de mettre en place les unités et équipes pastorales sur l’ensemble du diocèse. Je vais l’être durant 10 ans. Fin 2011, Mgr Morerod et ordonné évêque pour notre diocèse. A son arrivée, il me demande de bien vouloir changer de mission, de passer de vicaire général sur l’ensemble du diocèse pour devenir vicaire épiscopal pour la partie francophone du canton de Fribourg. Ce que je suis depuis janvier 2012. Mon travail consiste surtout à accompagner les agents pastoraux prêtres, diacres et laïcs de cette partie du diocèse et de conduire pastoralement, au nom de l’évêque, ce coin de diocèse.

Je note au passage que durant cette période, mon Père est décédé, subitement, en 1991, à l’âge de 72 ans et ma Mère, en 2003, d’un cancer, à l’âge de 79. Je le note parce que ces départs vont me marquer.

Autre élément important, entre 2002 et 2010, notre diocèse traverse une période difficile avec les histoires de prêtres pédophiles, cela aussi, va me marquer profondément.

 

2.- MON CHEMIN DE ST JACQUES

Plusieurs amis me racontaient leur riche expérience de pèlerin sur le chemin de St Jacques et l’envie devenait grandissante en moi de l’entreprendre un jour. Un de ces amis me dit un jour : « Tant que l’on n’a pas rêvé ce pèlerinage, on n’est pas prêt à partir ! » Il fallait donc que je laisse grandir en moi le rêve.

Petit-à-petit, l’Esprit Saint et les événements de la vie faisaient grandir en moi le rêve. Un ami, colonel de l’armée suisse, pour qui j’avais servi, comme aumônier, et grand amateur de vélo, me propose de faire le chemin à vélo. En été 1999, nous voilà partis, moi sans entraînement aucun, pour une première étape menant de Bulle à Moissac. L’année suivante nous avons réalisé la seconde étape, de Moissac à St Jacques. C’était plus une performance physique qu’un pèlerinage spirituel. La vitesse cycliste ne permet pas d’admirer le paysage, de faire halte dans chaque église ou chapelle, ne permet pas de rencontrer des gens sur la route et de partager. D’autre part, nous ne sommes que rarement sur le chemin et devons être attentifs aux dangers de la route. Rien d’un pèlerinage, mais assez pour faire grandir en moi le désir de le faire à pied. Souvent mon regard se portait sur les marcheurs, sur les gîtes et un manque terrible de spiritualité.

Le 2 juillet 2005, je pars, à pied, de la cathédrale du Puy-en-Velay et arrive le 10 août à la cathédrale de Burgos. Je fais le choix de marcher le plus seul possible, logeant très souvent dans de petits hôtels, pas chers, afin de pouvoir me retrouver seul le soir pour pouvoir prier, méditer et mettre mes notes au clair.

Entre 2006 et 2007, par tranche d’un jour ou de deux ou trois, je chemine de Fribourg au Puy-en-Velay. Le 12 juillet 2007, je pars de Burgos pour arriver à Astorga, le 20 juillet.

N’ayant pas pu terminer en 2008, parce qu’en voyage en Afrique, je reprends mon chemin, le 6 juillet 2009 à Astorga pour arriver à St Jacques de Compostelle, le 17 juillet 2009.

Enfin, entre le 9 et 27 août 2006, j’accompagne, avec un minibus, une équipe de cinq cyclistes sur le chemin de St Jacques, assurant le transport des bagages, le repas de midi et l’animation spirituelle. Là, j’ai le temps de m’arrêter dans les églises et différents monuments et de m’entretenir un peu avec les gens des régions traversées.

Telle est mon expérience concrète du chemin de St Jacques. A chaque fois, selon des angles bien différents, une expérience formidable et riche.

 

3.- CE QUI A MOTIVE MA DECISION DE PARTIR A PIED

J’approchais de la cinquantaine. J’approchais de me 25 ans de sacerdoce.

Ma Maman était décédée depuis deux ans et je devais cheminer pour faire le deuil. Il n’est pas évident pour un prêtre, de dire A Dieu à ses parents et surtout à sa Maman, elle à qui je devais tant quant à ma foi et pour le soutien, sans jamais me forcer, dans le don de ma vie à Dieu par le service presbytéral.

Il y avait quatre ans que j’étais vicaire général. Et nous avions passé des années difficiles durant lesquelles plusieurs affaires de prêtres pédophiles étaient sorties, un temps d’épreuve profonde pour moi, de désillusion sur l’Eglise que j’aime tant mais que je devais apprendre à aimer avec ses défauts et ses fautes. J’avais choisi comme devise d’ordination une parole de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus : « Au cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’amour, ainsi je serai tout ! » Vaste programme mais qui, à ce moment-là, ne me paraissait plus possible à vivre. Il fallait que je me recentre sur moi-même d’abord et sur Dieu.

 

 

Il était vraiment temps que je m’arrête, que je me pose les vraies questions sur qui je suis comme homme ? Qui je suis comme baptisé, comme prêtre, et qui je suis comme vicaire général ! Je passais vraiment par une nuit de la foi et par une recherche de sens et d’identité.

La même année, étant dans le même état d’esprit et de pauvreté, je me trouvais à Lourdes, en réunion avec les directeurs de pèlerinages. Une nuit, descendant à la Grotte, à minuit, pleurant avec mes questions, seul sur l’esplanade, sous la neige, une vieille dame surgit de je ne sais où. Je n’étais pas reconnaissable comme prêtre. Elle s’arrête droit devant moi et me dit « Toi, tu dois rester prêtre ! » Et elle continue son chemin.je ne suis vraiment pas du genre à croire facilement à ce genre de manifestation peu logique. Mais comment ne pas être interpellé et ne pas voir un signe de l’Esprit Saint, de la Vierge, Notre-Dame de Lourdes ? J’avais un élément de réponse mais qui ne résolvait de loin pas tout, il fallait que j’aille beaucoup plus loin en moi, en Dieu.

Alors je me rappelais mon séjour au désert, sur les pas de Charles de Foucauld, seul en plein sable, dans un ermitage construit par Carlo Carreto, je me souvenais de la magnifique rencontre avec Dieu et de l’appel fort que j’avais ressenti à suivre le Christ. Je me souvenais aussi de mes six mois au monastère en 1981 et de cette continuité dans la rencontre avec Dieu en y ajoutant la merveilleuse vie communautaire avec les frères du monastère. C’est sur ces bases qu’il fallait que je construise mon chemin de St Jacques et que j’avance dans la rencontre du plus intime à moi-même que moi-même comme dit St Augustin.

Je commençais à rêver mon pèlerinage, à en rêver jour et nuit !

 

4.- MA PREPARATION

Bien sûr, comme chacune et chacun de vous, j’ai demandé à des amis, ayant déjà réalisé ce chemin, de me donner les étapes effectuées, je les ai comparées et fixé mes propres étapes sur cartes. Un sac fait et refait, pesé et repesé après avoir éliminé bien des éléments inutiles, vous connaissez cela.

Un ami, sculpteur sur bois, m’avait taillé un magnifique bâton d’une pièce et où culminait une petite croix de bois. Elle va être importante, cette croix et le bâton vont susciter beaucoup d’envie auprès des pèlerins rencontrés en chemin.

 

 

Les souliers achetés et testés, les avis avisés de mes médecins, car je dois vous avouer que j’ai une polyarthrite rhumatismale évolutive, je l’avais, à l’époque, depuis 10 ans. Cet élément est aussi important dans mes motivations, je voulais me prouver à moi-même, que je pouvais réaliser un tel défi et marcher deux mille kilomètres.

Une préparation spirituelle ! J’ai eu la chance de beaucoup discuter avec une amie théologienne, exégète et pasteure protestante, spécialiste de St Paul. Lui demandant de me préparer un cheminement spirituel avec St Paul, un thème de réflexion hebdomadaire. Ce qu’elle fit avec plaisir.

Ainsi, la première semaine, je devais méditer sur le thème : « Comment je me définis et définis ma vie ? », puis « Ma vie spirituelle ou l’homme et sa double vocation : homme et prêtre. », ensuite « Le Christ et la foi au Christ », « Dieu et la foi en Dieu », « La vie communautaire » et enfin « La prière », tous ces thèmes étant éclairés par des textes de St Paul.

Je m’étais fixer de vivre ce chemin le plus seul possible, et pouvant prolonger ma réflexion le soir ; mon natel n’étant ouvert que quelques minutes par jour pour voir s’il y avait une urgence. Bien évidemment, je ne voulais pas éviter les gens et on verra que le besoin de la rencontre s’est vite fait sentir. Le moment le plus difficile est le repas du soir ! Une dizaine de fois, ne trouvant pas de petits hôtels, je me suis retrouvé en gîtes d’étape.

Plus le jour du départ approchait, plus je me sentais heureux et déjà libéré. J’ai eu la chance d’avoir un évêque très compréhensif qui m’a permis de prendre deux mois de suite pour réaliser le début de mon rêve. Je crois qu’il comprenait bien mon mal être !

 

5.- LE CHEMIN

« Permettez-moi, en ce moment de ma réflexion de vous livrer un texte trouvé en chemin et qui m’a accompagné longtemps, il dénote bien mon état d’esprit à ce moment-là :

LE CHEMIN

Poussière, boue, soleil et pluie. C’est le chemin de St Jacques.

Des milliers de pèlerins et plus d’un millier d’années.

Pèlerin qui t’appelle ? Quelle est cette force obscure qui t’attire ?

 

 

Ni le champ d’étoiles, ni les grandes cathédrales, ce n’est pas la turbulence des Gascons, ni les vins du Sud-Ouest ou l’eau-de-vie d’Armagnac, ni les confis ou les foies gras du pays, ni les paysage de la fière Occitanie.

Pèlerin qui t’appelle ? Quelle est cette force obscure qui t’attire ?

Ni les gens du chemin, ni les coutumes rurales, ce n’est pas l’histoire et sa culture, ni le trésor de Conques, ni le pont Valentré de Cahors, ni le cloître de Moissac.

Tout cela je le vois au passage. Et ce m’est une joie de le voir.

Mais la voix qui, moi, m’appelle, je la ressens au plus profond.

La force qui, moi, me pousse, la force qui, moi, m’attire, je ne sais même pas l’expliquer.

Seul celui d’en-haut le sait ! »

 

6.- LE DECAPAGE

J’en ai bavé, les deux premières semaines, physiquement et spirituellement. Mes articulations me faisaient mal. Mon sac était trop lourd. D’autre part, comme je m’étais fixé de rejoindre St Jacques en deux mois, le temps permis par mon évêque, je ne me fixais que sur mes étapes et les buts à atteindre. De plus il me fallait me libérer la tête, le cœur et ma foi de tout le contexte quotidien lourd et de toutes mes questions. Je devais me dégager de tout ce qui m’habitait, de ce que j’avais vécu les années précédentes. Je n’arrivais pas à prier. Ce fut le temps de la sécheresse.

 

7.- DES RENONCEMENTS

Les premiers soirs, je calculais qu’au lieu de 25 kilomètres, il fallait que je marche davantage chaque jour. Je me fixais une contrainte intenable qui limitait tout en moi. C’est là, dans les premiers jours, que je pris la décision de ne pas forcément atteindre St Jacques durant cette période et que le Seigneur m’y mènera bien un jour et le jour qu’Il décidera ! Ce fut une grande libération pour moi, signe que je devais lâcher prise aussi sur ce qui me tenait le plus à cœur et que j’avais bien planifié ! Ce changement de programme correspond bien à ce que je suis : au départ, je me fixe des exigences en plaçant la barre trop haut, autant pour moi que pour les autres. Je vais peut-être trop vite. Je suis trop gourmand dans les buts que je me fixe. Les réalités du terrain et Dieu me font comprendre, par ce chemin, que je dois prendre le rythme de Dieu et le rythme des autres, que je dois les rejoindre dans ce qu’ils sont et avec leurs moyens et me mettre à leur rythme, donc me freiner, me modérer.

De plus les renoncements habituels : confort, communications, rencontres, le « faire » qui me tenait tant à cœur, alors que je venais d’entrer dans le temps de « l’être » uniquement et l’harmonisation du faire : marche, nourriture, avec l’être soi, se rejoindre soi-même. Passage difficile s’il en est ! Surtout pour moi.

Un autre renoncement, dans la vie de ministère, à un poste à responsabilités, il y a beaucoup de problèmes à essayer de résoudre mais il y a aussi et surtout la reconnaissance des autres, le respect du prêtre, le besoin de moi en tant que tel. Là, c’est d’un coup, le vide, plus personne, plus aucune reconnaissance, et on ne me reconnaissait même pas comme prêtre, je n’avais d’ailleurs aucun signe extérieur qui le montrait et cela volontairement. Un renoncement qui me fait tomber de haut et qui me remet, en ce début de pèlerinage, à ma juste place : homme, baptisé face à son Dieu et c’est de lui et de lui seul que je peux et veux attendre la reconnaissance parce que je me sais aimé passionnément par lui.

Lié à cet aspect, lorsque l’on travaille comme vicaire général, nous avons une équipe de collaborateurs, des secrétaires, et d’un coup c’est la solitude et la prise de conscience que tout va tourner sans moi, tout aussi bien, peut-être même mieux ! C’est aussi un renoncement à vivre !

Passer du « faire » à « l’être », passer du « pouvoir » au « service » tel que décrit par Jésus, par sa vie et dans l’Evangile, passer de la mission comme baptisé et prêtre que je m’approprie à la mission qui est celle du Christ et dont je ne suis que le serviteur !

Durant ce temps de vide et de sécheresse, deux prières commençaient, lentement, à rythmer ma marche : la prière du pèlerin russe : « Seigneur, Fils de Dieu, prends pitié de moi. Pécheur. » Et la prière du chapelet. Je rythmais ces prières à ma respiration et à mes pas. Alors tout devint plus léger, mon esprit et mon cœur se libéraient peu à peu et je commençais, enfin, à entrer au plus profond de moi-même.

C’est là que je prenais conscience de la pertinence des paroles du poète espagnol Antonio Machado : « Pèlerin, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant ». Nous sommes là à l’essentiel : on ne fait pas le chemin, c’est le chemin qui nous fait !

Un autre renoncement : les beaux papiers préparés par l’amie pasteure, sur le chemin personnel à entreprendre et bien rythmés par semaine, volent en éclat ! Il fallait d’abord me retrouver avant de vivre cela !

Seule la première étape m’a habité : « Comment je me définis et définis ma vie ». Et j’y ai passé plusieurs semaines, même tout le chemin. De fait, les autres étapes se sont invitées, comme naturellement, tout au long de ma méditation : ma relation au Christ, ma foi en Dieu et ma vie communautaire !

Une première question : « Ce que je dis de moi-même » ! Avec une phrase de St Paul qui me guide dans ma réflexion : « J’ai des raisons d’avoir confiance en moi-même… » (Ph 3, 4). Je cherche les points forts de ma vie tant humaine que spirituelle, les axes principaux qui ont construit ma vie et mon identité. St Paul, avec ses deux lettres aux Corinthiens et son identité m’aident beaucoup. Je pose un regard objectif sur mes qualités et mes défauts.

Un deuxième point d’attention : « Ce qu’on dit de moi » ? Toujours avec les lettres aux Corinthiens.

Et enfin, « sous le regard de Dieu » ! Avec un texte qui a raisonné très fortement en moi, de St Paul dans 1Cor 15, 8-11 : « Ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu et sa grâce à mon égard n’a pas été vaine. Au contraire, j’ai travaillé plus qu’eux tous ; non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » A partir de là, mais c’est drôlement résumé, vous pensez bien que ce sont des jours de marche, de méditation, de renoncement et de dépouillement, de combat intérieur, d’insomnie. A partir de là, j’ai pu entrer dans la louange et la joie d’une relation renouée avec moi-même et avec Dieu. Dès lors, jaillissait en mon cœur l’hymne de Paul dans la première à Timothée : « Je suis plein de reconnaissance envers celui qui m’a donné la force, le Christ Jésus, notre Seigneur : c’est lui qui m’a jugé digne de confiance en me prenant à son service, moi qui étais auparavant blasphémateur, persécuteur et violent. Mais il m’a été fait miséricorde, parce que j’ai agi par ignorance, n’ayant pas la foi. Oui, elle a surabondé pour moi, la grâce de notre Seigneur, ainsi que la foi et l’amour qui est dans le Christ Jésus. »

Petit-à-petit, je sentais que la confiance se reconstruisait en moi. J’entrais dans cette confiance, qui est gratuité, en Dieu et en sa Parole. Je ressentais l’amour et la générosité de Dieu envers moi et je devenais, à nouveau capable de rendre grâce !

 

 

8.- LE RYTHME SE PREND PETIT-A-PETIT

A partir de là, je pouvais me laisser faire par les événements, par le chemin, par les pèlerins rencontrés et par Dieu. J’étais bien dans mon esprit, dans mon cœur, dans mon âme, dans mon corps ! Tout, la marche, les intempéries, les difficultés du chemin me ramenaient au réel de la vie, de ma propre vie, mais comme transfiguré. C’est un retour aux constatations du départ : alléger, alléger et encore alléger. Un allègement qui produit une libération dans la tête et dans le cœur et un appel à croître en liberté. Allègement affectif encore accru par la nécessité d’avancer, de quitter parfois un endroit confortable, de ne pas s’attacher à des personnes rencontrées. ULTREIA : plus loin ! Invitation pressante à entrer dans une liberté intérieure, à la savourer, à en vivre.

De plus, on est dépassé par soi-même, par ce qui a été vécu, par ce que cela produit en soi. Le Camino fait entrer dans une aventure spirituelle que l’on ne mesure pas, qu’il faut même renoncer à évaluer. Là encore, passer, ne pas s’attacher, ne pas en faire même un bien ou un acquis spirituel. Quelque chose a été, à la fois, donné et vécu qui demande à être prolongé, on ne sait comment. Appel à vivre une plus grande gratuité. Reste la joie de l’avoir vécu, celle d’en parler à qui veut bien écouter, en témoigner.

Ce fut le début d’une véritable transformation intérieure. La suite du chemin, que ce soit cette année-là, 2005, ou les années suivantes, jusqu’à mon arrivée à St Jacques, en 2009, je ressentis, à chaque matin où je me mettais en route, cette base sûre et solide, comme les fondations humaines et spirituelles retrouvées, mais toute la construction était encore à imaginer et à bâtir. Sur le chemin, je pouvais élaborer les plans et les mettre en harmonie avec moi-même, le retour dans la vie et le quotidien depuis le retour se chargera bien de la construction concrète et ce, jusqu’à mon dernier souffle.

Après ce premier temps, je retrouvais un rythme de prière quotidienne, de méditation, de louange au cœur de la création et ses beautés autant visuelles que par les senteurs extraordinaires. Je ressentais aussi la nécessité de m’engouffrer dans des églises, d’une part pour y trouver une bouffée de fraîcheur, mais aussi et surtout pour me mettre devant le Christ Eucharistie et me laisser faire comme disait le Curé d’Ars : « Il m’avise et je l’avise » ! Besoin aussi de participer, chaque fois que l’occasion se présentait, à l’Eucharistie du village ou de la ville étape et appel irrésistible à célébrer quelques fois, seul au milieu de la nature, tant sa beauté m’invitait à célébrer son Créateur.

Ma marche devenait chant de louange et de joie. La douleur de devoir m’arrêter à Astorga m’étreignait et, à chaque fois que je quittais le chemin pour un an ou deux, ce fut un déchirement. Mais, comme l’on disait à un moine chartreux – vous savez que ces derniers se couchent à 19h pour se relever à 23h et se recouchent à 1h pour se relever à 5h – quel courage vous avez de vous lever deux fois dans la nuit, celui-ci répondit : mais si vous saviez le bonheur que l’on a de se coucher deux fois dans la nuit ! Ainsi quel bonheur de me remettre sur le chemin pour y poursuivre la route intérieure. Ce désir me travaille encore bien souvent !

Chaque jour la prière d’abandon de Charles de Foucauld m’accompagne et reflète bien mon état d’âme :

« Mon père, je m’abandonne à toi. Fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie.

Je suis prêt à tout. J’accepte tout. Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures, je ne désire rien d’autre, mon Dieu.

Je remets mon âme entre tes mains, je te la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je t’aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre tes mains, sans mesure, avec une infinie confiance, car tu es mon Père. »

 

9.- QUELQUES RENCONTRES FULGURANTES

Les rencontres sont quotidiennes sur le chemin. Souvent les mêmes personnes. Quelqu’un me disait que monter sur le chemin est comme monter dans un wagon, nous allons tous dans la même direction, certains descendent plus vite, d’autres montent en route et nous sommes appelés à vivre le voyage avec les mêmes personnes.

Il y a des personnes qui cherchent le contact et désirent faire l’étape du jour avec nous. Si nous optons pour la solitude, dans un premier temps cela agace au fond de soi, jusqu’au moment où je me disais que j’ai tout le temps pour moi et ce que je ne méditerai pas aujourd’hui je pourrai le faire demain, donc j’essayais de privilégier la rencontre. Une certitude m’habitait : celui ou celle que je rencontre sur ma route, c’est le Christ qui me rejoint.

La croix de mon bâton interpellait. Il ne fut pas rare que le pèlerin rencontré me demande si j’étais croyant et pour quelques perspicaces, si j’étais prêtre ! En général, cela facilitait la confiance et l’ouverture du cœur.

Deux rencontres m’ont bouleversé. La première se situe entre Léon et Astorga. Une dame que j’avais déjà rencontrée souvent. On se saluait poliment, sans plus. Un matin, à 7h, nous visitons une église ensemble, puis nous nous retrouvons au bar du coin pour boire notre café matinal. Elle s’approche de moi en me demandant d’où je viens. Nous découvrons que nous sommes suisses tous les deux et elle me raconte son histoire bouleversante. Son fils a été tué dans un accident, deux ans auparavant. N’en pouvant plus, elle décide de se mettre en route vers Compostelle et part de son Jura, un matin de mai. Elle me raconte son chemin difficile dans son corps et dans son cœur, elle ne pense pas arriver à St Jacques, mais, en pleure, elle m’avoue : « Je peux te dire exactement à quel endroit sur ce chemin, quel jour et à quelle heure, j’ai laissé partir mon fils ! J’en ai pleuré des jours, mais je suis libérée. Tant pis si je n’arrive pas à St Jacques, j’ai fait mon chemin. » Nous avons fêté cela ensemble. Puis elle me dit : « Tu fais quoi dans la vie ? » Je lui dis que je suis prêtre, elle se met à pleurer de plus belle et tombe dans mes bras en me disant : « C’est le Seigneur qui te met sur ma route ! » Quelle merveille, quelle émotion, quelle beauté ! C’est aussi, à ce moment-là que j’ai grandi dans le deuil de ma Maman et que je suis entré dans une autre et plus forte communion avec elle. Dans la communion des Saints ! Nous avons marché ensemble jusqu’à Astorga et c’est là que je m’arrêtais pour cette année-là !

Le chemin de St Jacques comme un chemin de transformation, un rite de passage, une libération, une transfiguration !

Une autre rencontre qui va me marquer. Entre Burgos et León, je vois souvent un couple. Nous nous retrouvons dans les mêmes hébergements le soir durant toute une semaine. En s’observant de loin le premier soir, dès le deuxième soir nous nous abordons et décidons de manger à la même table. Nous renouvelons ce partage trois soirs de suite. Ils me racontent leur histoire merveilleuse. Canadiens, mariés depuis plus de 25 ans et parents de deux enfants, ils se retrouvent au bord de la rupture dans leur couple. Ils se donnent une dernière chance : faire une partie du chemin de St Jacques de Compostelle, sur l’Espagne. Ils cheminent intérieurement, ils parlent beaucoup d’eux, entre eux, de leur couple, de leur histoire. Ils se redécouvrent, ils s’apprivoisent à nouveau, ils retombent amoureux l’un de l’autre et ils grandissent dans la foi et la prière. Ils étaient heureux et nous avons fêté cela ensemble. Leur fille les rejoignait à León, nous avons préparé ensemble cette rencontre qui serait une véritable fête. Souvent je repense à ce couple, d’ailleurs, nous avons gardé quelques contacts. J’y pense en préparant des couples au mariage ou en rencontrant des couples en difficulté.

Et, il y a toutes les autres rencontres, des pèlerins qui m’ont demandé de leur transmettre le sacrement de la réconciliation, de prier avec eux et même, une fois, de célébrer l’Eucharistie avec eux. Je me suis vraiment senti bien dans ma mission de service et de témoignage, en pasteur qui marche avec, non pas devant – c’est le Christ – mais à leur côté, prenant leur rythme et avançant avec eux, en étant témoin de l’Evangile, non pas avec des paroles et des discours mais en actes et en vérité, comme nous dit St Jean.

Rencontres des gens blessés par la vie, pour qui le poids du jour est trop lourd. Sans compter tous ceux qui peinent dans leur marche. J’ai vu, juste au bord de la Garonne, une fille qui soignait ses pieds ! Ses pieds n’étaient que plaies ouvertes, patiemment, elle appliquait ses pansements, les bandait, remettait ses souliers en hurlant et reprenait la route courageusement en serrant les dents. Je l’ai revue le soir dans une pharmacie refaire le plein de ses pommades. Quel courage, quelle volonté, vraiment le chemin qui nous fait et non pas nous qui faisons le chemin !

 

10.- QUELLE PRESENCE DES EGLISES SUR LE CHEMIN ET AUPRES DES PELERINS ?

Il y a, bien-sûr, toutes les églises, les couvents et monastères qui bordent le chemin, et ils sont nombreux ! En certains endroits, des informations historiques et des invitations et propositions spirituelles sont magnifiquement développées sur panneaux et dépliants, des lieux accueillants pour les pèlerins, cela nous rattache à la longue lignée des pèlerins à travers les siècles et aux communautés vivantes en ces lieux. En bien des endroits nous rencontrons des laïcs bénévoles ou même des prêtres qui nous accueillent et invitent au dialogue dans un très grand respect de ce que chacun est.

Mais si je suis pèlerin, baptisé, croyant, engagé ou ministre, prêtre, comment rayonner, comment puis-je être présent ?

Une certitude fondamentale : je suis là comme pèlerin parmi tant d’autres, je ne suis pas là pour convertir, imposer, convaincre ou forcer. Je suis simplement LÀ, avec ce que je suis, appelé à cheminer dans l’humanité et la fraternité, dans un compagnonnage uniquement motivé par le chemin et nos buts différents.

Une certitude m’habite : Dieu n’impose pas, ne s’impose jamais, il se propose, simplement. S’il essuie un refus, il ne force pas la porte mais sera, comme le disait un Père Abbé de monastère bénédictin, « un séducteur impénitent, ne posant à l’homme qu’une seule question : veux-tu de moi ? Veux-tu de mon amour ? »

Un texte me conduit sur ce chemin : les disciples d’Emmaüs ! Le soir de Pâques, deux disciples, tout tristes, bouleversés par la mort de leur ami en qui ils mettaient tous leurs espoirs, font route vers Emmaüs. Ils sont rejoints en chemin par le Christ Ressuscité qui ne se fait pas reconnaître. La seule question qu’il leur pose : « De quoi causiez-vous en chemin ? » Il les rejoint au cœur de leur souffrance, il descend jusqu’au plus profond de leur détresse. Et là, il ne s’impose pas, ne se fait pas reconnaître, il les écoute, il les comprend, il prend leur rythme, il les retrouve au plus profond de leur cœur. Alors, en marchant, lentement, il les ouvre à la Parole et les conduit à la table (Eucharistie) de l’auberge, là, ils le reconnaissent et s’exclament : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait en chemin » - « Et encore : « Reste avec nous, le jour baisse… »

Telle est bien notre attitude avec tout pèlerin que nous rencontrons. Un respect très fort de ce qu’il est, de ce qu’il vit, sans juger, mais en accueillant, comme un cadeau, sa vie, sa souffrance et ses questions. Le rejoindre au plus profond de sa souffrance, de son cœur, de sa vie. Et prendre son rythme, qui est peut-être lent, inadapté au mien, qui me dérange, mais se laisser faire par l’autre quel qu’il soit. Puis faire route avec lui. Mon témoignage est beaucoup plus ma manière de vivre, ma façon d’être, la vie du Christ et de l’Esprit qui bouillonne en moi. Rappelons-nous notre baptême. Nous avons reçu l’onction d’huile sur le front. Elle était parfumée, ce qui signifie que nous avons à faire envie par ce que nous vivons au plus profond de nous, à être attirant, dans le silence et par nos regards, notre attitude, notre rayonnement. C’est ainsi que Jésus pouvait dire de ses disciples « Voyez comme ils s’aiment, c’est à cela qu’on les reconnaîtra comme mes disciples ! »

Et enfin et surtout, le plus beau témoignage sera de porter dans notre prière silencieuse, sur le chemin, le frère ou la sœur pèlerin qui s’est ouvert et que nous venons de quitter. Il/elle devient le compagnon de route invisible et précieux, il est marqué dans notre cœur et je le porte au Christ.

Mais pour cela, il faut d’abord que je me sois laissé transformer par le chemin, par le Christ. Sachant que je ne pourrais être et donner que ce que je porte en moi, que le chemin que je fais et la longueur d’avance que je peux avoir sur celui que je rencontre. De plus mon ouverture doit être grande au point de me laisser transfigurer par l’autre que je rencontre, car il a toujours quelque chose de beau, de grand, de profond à me transmettre, à me proposer.

Dans les deux rencontres décrites plus haut, j’en suis ressorti en ayant, en moi, le sentiment de vivre ce qu’ont vécu Marie et Elisabeth, au moment de la Visitation rapportée par St Luc. Deux femmes enceintes, l’une portant Jésus, l’autre Jean-le-Baptiste. Quelle joie et quel bonheur dans cette rencontre ! des cris de joie : « Heureuse es-tu… les enfants tressaillent en elles, et le Magnificat » Au-delà d’une rencontre de deux cousines, c’est la rencontre de Dieu.

Chaque pèlerin va ressentir cette joie en arrivant à Santiago : explosion de joie, pourquoi ? Parce qu’il y a eu RENCONTRE, avec soi-même, avec les autres, peut-être avec Dieu.

Que toutes nos rencontres deviennent Visitation !

Mais les Eglises devraient être cela sur chaque terrain pastoral, dans la vie quotidienne de nos paroisses, de nos communautés !

 

11.- MES CONCLUSIONS

Je suis parti avec beaucoup de questions sur ce que je fais, sur ma fonction !

J’ai pris tout mon temps pour me demander qui je suis ? Je me suis laissé décaper, déposséder, désapproprier.

Cela m’a conduit à moi-même, à l’intime de moi-même, donc à Dieu plus intime à moi-même que moi- même, et Dieu m’a guidé vers les autres ! J’avais besoin de m’apprivoiser et d’apprivoiser Dieu. J’ai réappris à m’aimer ! Je me suis laissé imprégner par le Christ, dans l’être profond que je suis. J’ai passé du « faire » à l’« être », mais cela reste un combat quotidien !

Une certitude me pousse depuis : Dieu m’a créé, Dieu m’aime, donc le plus important est de témoigner de ce que Dieu est pour moi. L’être profond en moi est habité par Dieu, baptisé, croyant et prêtre. J’ai refait l’unité et retrouvé la liberté !

Permettez-moi encore un texte, il est de St Antoine :

« Va, pèlerin, poursuis ta quête ;

Va sur ton chemin, que rien ne t’arrête !

Prends ta part de soleil et part de poussière ;

Le cœur en éveil, oublie l’éphémère !

Tout est néant ; rien n’est vrai que l’amour.

N’attache pas ton cœur à ce qui se passe !

Ne dis pas : j’ai réussi, je suis payé de ma peine.

Ne te repose pas dans tes œuvres, elles vont te juger.

Garde en ton cœur la parole ; voilà ton trésor. »

 

Et mon dernier mot je le prends chez le Dr René Prêtre, cardiologue en pédiatrie très connu en Suisse. Il vient d’écrire un livre intitulé : « Et au centre bat le cœur », je vous cite la dernière phrase de cette œuvre :

« La force des bourrasques s’atténue dehors, cédant à nouveau le bruit de fond à mes haut-parleurs. Du bon vieux Louis Armstrong. Le mot « wonderful » vogue. La pluie givrée continue de tourbillonner. Le ciel est bas. Tourmenté et gris.

Mon horizon à moi est dégagé. Apaisé et serein.

Il fait bon sur la terre. »

 

Chers amis, pèlerins, merci de votre longue et patiente écoute.

 

Rémy Berchier

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SPIRITUALITAET DES JAKOBSWEGES

EIN WEG DER WANDLUNG

 

                                                                     Zürich, 26 Novembre 2016,

                                                                     Stauffacherstrasse 8/10, 8004 Zurïch

                                                                     Rémy Berchier

 

« Der Pilger der geht muss akzeptieren sich verwandeln zu lassen»

 

1.- KURZE PRESENTATION

Guten Tag und danke, dass Sie mich eingeladen haben um ganz bescheiden das zu teilen was ich vor einigen Jahren auf dem Jakobsweg erlebt habe. Ich fühle mich sehr geehrt. Meine Erfahrungen sind sehr bescheiden im Vergleich zu denen die im Laufe der vielen Jahren und Jahrhunderte gepilgert sind, insbesondere mit Euren, hier in diesem Saal versammelten. Ihr hätten so vieles zu teilen.

Ich heisse Rémy Berchier. Ich bin im freiburgischen geboren, am Ufer des Neuenburgersees, im Jahre 1956. Ich bin ein Bauernsohn von Eltern die sehr gläubig waren und im guten Sinn von der katholischen Kirche geprägt waren.Ich war der jüngste einer Bruderschaft von 3. Sehr jung wurde ich von den Pfärrern meiner Kirchgemeinde und von einem Missionar in der Familie geprägt, sowie von meinen Eltern, was bei mir zu einem Ruf Gottes führte, Priester zu werden. Mein Lehrgang war üblich : Studium in einem religieusen Gymnasium, französische Matura in Fribourg dann Seminar und theologisches Studium in der selben Stadt. Während meiner theologischen Ausbildung ereigneten sich zwei prägende Ereignisse : ein Monat in der Sahara-Wüste auf den Füssen von Charles de Foucault und noch sechs Monate in einem Benediktiner Kloster in der Bretagne. Pristerweihe 1982, 10 Jahre Vikar dann Pfarrer in Romont, weitere 10 Jahre in Bulle.

2001 fragt mich unser Bischoff, Mgr Genoud, sein Generalvikar zu werden, mit der Aufgabe pastorale Teams aus dem ganze Bistum zu erstellen. Ich werde es 10 Jahre bleiben. 2011 wird Mgr Morerod unser neuer Bischoff. Ich werde 2012 Bischoffsvikar für den französischen Teil des Kantons . Meine Arbeit besteht darin, die Priester, Diakone und Laien im Namen des Bischoffs  zu begleiten. Wärend dieser Zeit stirbt mein Vater plötzlich 1991 als  72 jähriger und meine Mutter, 2003, an Kreps. Beide Todesfälle haben mich tief getroffen. Ein anderes bedeutendes Ereignis waren die Ereignisse um die pädophilen Priester, die unsere Diozöse durchgemacht hat. Auch hier war ich tief betroffen.

2.- MEIN JAKOBSWEG

Mehrere meiner Freunde erzählten mir von ihren Pilgererfahrungen auf dem Jakobsweg, so dass mein Bedürfniss, ihn eines Tages zu gehen, immer grösser wurde. Einer meiner Freunde meinte : wenn man nicht vom Weg träumt so ist man noch nicht bereit ihn zu gehen. So musste ich den Traum wachsen lassen. Allmählich führte mich der Heilige Geist und andere Lebensumstände dazu, mehr davon zu träumen. Ein Freund, Oberst in der Armee und Fahrradliebhaber, schlug mir vor, den Weg mit ihm zu machen. So starteten wir im Sommer 1999 zu einer ersten Etape von Bulle nach Moissac ; die zweite Etape führte uns von Moissac nach Santiago. Aber es war mehr eine sportliche Leistung als eine spirituelle Wallfahrt. Die Geschwindigkeit des Fahrens erlaubt uns nicht die Landschaften zubewundern, Kirchen und Kapellen zu besuchen, Leute zu treffen. Anderseits ist man selten auf dem Jakobseg und muss ständig auf den Verkehr achten. Es hatte also wenig mit einer Pilgerreise zu tun aber verstärkte das Bedürfniss ihn zu Fuss zu gehen. Am 2. Juli 2005 starte ich zu Fuss bei der Kathedrale von Le Puy und lande am 10. August in der Kathedrale von Burgos. Ich zog es vor alleine zu gehen, übernachtete in kleinen, billigen  Hotels um abends meditieren und meine Notizen führen zu können..

Zwischen 2006 und 2007, wärend einem bis drei Tage aufs mal, ging ich von Fribourg nach Le Puy. Am 12 Juli 2007, startete ich wieder  in Burgos und ging bis nach Astorga. Nach einem Aufenhalt in Afrika ende ich meine Pilgerreise in Santiage am 17 Juli 2009. So sieht meine Erfahrung auf dm Weg aus, jedes mal etwas anders aber jedes mal ein tolles und reiches Erlebnis.

 3. WAS MICH MOTIVIERT HAT DEN WEG ZU FUSS ZU GEHEN

Ich war bald 50 Jahre alt und bald 25 Jahre im Priesteramt.

Meine Mutter war seit 2 Jahre gestorben und ich musste die Trauer vollenden.

Es ist nicht einfach für einen Priester, seinen Eltern, besonders seiner Mutter, der ich so viel verdanke, Adieu zu sagen.

Ich war Generalvikar seit 4 Jahren. Wegen verschiedenen Pädophilen Priestern waren es schwierige Jahre. Eine grosse Belastung für mich und für die Kirche die ich so liebe. Ich musste lernen auch ihre Fehler und Mängel zu lieben. Die Devise meiner Ordination war ein Spruch von Heiligen Teresa :

„Im Herzen der Kirche, meiner Mutter, werde ich liebe sein und so werde ich alles sein!“

Ein grosses Programm, das ich noch nicht verinnerlichen konnte. Ich musste zurück in mich selbst und zu Gott. Die Zeit war gekommen, einen Halt einzuschalten um mich zu fragen, welches die richtigen Fragen sind als Mensch? Wer bin ich als Getaufter, als Priester und als Generalvikar. Ich war wirklich in der Nacht und suchte den Sinn meines Wesens.

Im gleichen Jahr ging ich nach Lourdes, begleitet von Verantwortlichen des Pilgerns. Eines Nachts, um Mitternacht, als ich aus der Grotte stieg, weinend und alleine auf der Esplanade, bei Schnee und Regen, trift eine alte Frau von nirgendwoher kommend auf mich zu. Sie hält an und sagt : Du, Du musst Priester bleiben und sie verschwindet. Es kam mir vor wie eines Zeichnen des heiligen Geistes der Mutter von Notre Dame de Lourdes. Ein Teil der Antworten auf meine Fragen kamen auf mich zu aber es genügte nicht, ich musste viel weiter gehen, in mir selbst, mit Gott.

Ich erinnerte mich an meinen Aufenthalt in der Wüste, auf den Spuren von Charles de Foucauld, ich erinnerte mich auch an meiner wunderbarer Begegnung mit Gott und dem Ruf Christus zu folgen.

Auch erinnerte ich mich an die 6 Monate die ich 1981 im Kloster verbrach.

Die Begegnung mit Gott erfolgte in der Kontinuität dieser Orte. Das sollte auch die Grundlage meines Pilgerweges nach Santiago werden.

Ich begann von meiner Pilgerreise zu träumen, Tag und Nacht.

4.- MEINE VORBEREITUNG

Natürlich, wie alle von euch,habe ich bei meinen Freuden, die den Weg schon gegangen waren, Ratschläge gesucht: Etappenplan, Inhalt des Rucksackes, den ich immer wieder wog um unnötiges weglassen zu können,  aber ihr wisst das ja alles.

Ein Freund, der Holzschnitzer war, schnitze mir einen Stock mit einem Kreuz am oberen Ende. Dieser spielte später dann eine wichtige  Rolle und verursachte oft Neid bei den Mitpilgern.

Ich wählte sorgfältig meine Schuhe aus und hörte auch auf die Ratschläge meines Arztes da ich seit über 10 Jahre an einer Polyarthritis leide. Meine Motivation war hiermit verstärkt, wollte ich mir doch beweisen 2000 km gehen zu können. Die spirituelle Vorbereitung machte ich mit einer reformierten Theologin, einer Spezialistin von Paulus. Sie verfasste für mich ein wöchentliches Thema zur Reflexion.

So konnte ich die erste Woche über das Thema : wie definiere ich michund mein Leben meditieren, dann mein spirituelles Leben als Mannund Priester, (Christus und meine Glaube an Ihn), (Gott und meine Glaube an Gott), das Gebet. Alle diese Themen wurden von Paulus Texten erhellt.

Ich hatte mir vorgenommen, den Weg so einsam wie möglich zu gehen, mein Handy nur ein paar Minuten pro Tag zu brauchen. Natürlich wollte ich den Leuten nicht ausweichen, denn ich sah wie nötigt die Begegnungen waren. Der schwierigste Moment war das Nachtessen. als ich in Herbergen übernachtete.

Je näher der Tag der Abreise war, je mehr fühlte ich mich glücklich und befreit. Ich hatte das Glück 2 Monate vor mir zu haben um meinem Traum Wirklichkeit zu geben.

5.- DER WEG

Hier ein Text der mich lange begleitet hat, er wiederspiegelt meinen damaligen Zustand :

 

DER WEG

Staub, Schlamm, Sonne und Regen, das ist der Jakobsweg.

Tausende Pilger und mehr als tausend Jahre.

Pilger wer führt dich? Welches ist diese dunkle Kraft die dich anzieht?

Weder die Milchstrasse, weder die grossen Kathedralen, es sind nicht die Turbulenzen der Gascons, nicht das Ess-und Trinkbare aus der Gegend.

Pilger wer ruft dich: Welches ist diese dunkle Kraft die dich anzieht? Etc.

Die Kraft die mich anzieht kann ich nicht  erklären. Einzig Gott weiss es.

6.- ABTRAGEN

Die ersten zwei Wochen waren physisch und seelisch harte Momente. Meine Gelenke schmerzten. Mein Rucksack war zu schwer. Dazu kam, dass ich mir die von meinen Bischof erlaubten 2 Monate vornahm und mich nur auf die Etappen und dem Ziel konzentrierte. Ich musste meinen Kopf befreien vom täglichen und den vielen Fragen, ebenso  mein Herz und mein Glaube. Ich musste mich von all dem befreien was ich die letzten Jahre erlebt hatte. Ich konnte nicht mehr beten. Es war eine Zeit der Dürre.

 

 

 

7.- DIE VERZICHTE

Die ersten Tage nahm ich mich vor, mehr als 25 km zu gehen. So entstand ein Druck, der in mir alles einschränkte. So kam ich allmählich  zum Schluss, dass ich Santiago nicht in der mir ermessenen Zeit erreichen musste,  dass Gott mich wohl an dem von ihm bestimmten Tag hinbringen würde. Es wurde für mich eine grosse Befreiung, auch das loszulassen, was mir so am Herzen lag.

So bin ich halt : anfangs stelle ich mir und anderen zu hohe Anforderungen. Ich gehe zu schnell. Meine Ziele sind zu anspruchsvoll. Die Umstände des Weges und Gott leeren mich, dass ich den Rhythmus Gottes und der anderen respektiren muss. Dies bedeutet, dass ich mich mässigen muss, und den andern Rechnung tragen.

Noch andere Verzichte : Komfort, Kommunication, Begegnungen. Das « Tun », das mir so liegt, hat sich mit der Zeit in das« Seins »verlagert, durch die Harmonie des Gehens, der einfachen Nahrung, des Miteinander seins. Es war jedoch eine schwierige Passage, besonders für mich.

Ein anderer Verzicht im Priesteramt mit Verantwortung : im Amt gibt es viele Probleme zu lösen aber auch begleitet von die Suche nach Anerkennung, nach Respekt für den Priester, das Brauchen von mir. Auf dem Weg ist plötzlich niemand mehr da, der dich kennt und anerkennt. Ich hatte absichtlich auf meine Priesteratribute verzichtet. Ein Verzicht der mich auf Bodenhöhe fallen liess, mich an meinen richtigen Platz stellte : Mensch, Getaufter vor Gott, von dem ich von nun an als einziger eine Anerkennung erwarten und erhoffen musste, da ich wusste, dass er mich leidenschaftlich liebte.

Als Generalvikar arbeitet man mit einem Team von Mitarbeitern und plötzlich kommt man zur Einsicht, dass es auch ohne mich gehen wird, vielleicht sogar besser. Dies auch ist ein Verzicht von Bedeutung.

Wechseln vom « Tun » zum « Sein », von der « Macht » zum « Dienen » wie Jesus es durch sein Leben zeigt und wie es die Evangelien beschreiben, wechseln von der Priesteraufgabe wie ich sie mir vorstelle, zu der wie sie Jesus sie vorschreibt und somit seinen Dienerzu werden!

In dieser Zeit der Leere und der Dürre, begannen zwei Gebete allmählich mein Gehen rythmisch zu prägen : das Gebet der russischen Pilgers : « Herr, Gottessohn, hab erbarmen mit mir, ich Sünder » und das Gebet des Rosenkranzes. Meine Schritte und meine Atmung waren rhythmisch mit den Gebeten vereint. Alles wurde leichter, mein Geist und mein Herz befreiten sich allmählich und ich begann endlich in meine Tiefen zu gelangen.

Die Worte des spanischen Dichter Antonio Machado „Pilger, es gibt  keinen Weg, der Weg entsteht beim gehen“. Wir sind hier beim Wesentliche, der Weg macht uns.

Ein anderer Verzicht : die schönen Texte meiner  Pfarrers Freundin, die meine Wochen prägen sollte, verschwanden im Nichts. Zuerst musste ich mich selber finden, um die Texte zu erleben.

Einzig die erste Etappe blieb hängen: “Wie ich mich und mein Lebengestalte“. Dies beschäftigte mich mehrere Wochen, sogar den ganzen Weg. Meine Meditationen betrafen meine Beziehung zu Christus, mein Glaube an Gott und mein Leben in der Gemeinschaft. Eine erste Frage: „Was ich von mir sage“ Paulus: „ich habe Gründe in mich Vertrauen zu haben“ ph3,4. Ich finde die starken Momente meines Lebens sowohl menschlich wie spirituell. Paulus mit seinen beiden Korinther Briefen hilft mir sehr. Ich kann objektiv auf meine Qualitäten und meine Mängel schauen. Aber von da sehr zusammengefasst wurden es Tage des Gehens, der Meditation, des Verzichtes, des inneren Kampfes, der Schlaflosigkeit. Von da an, konnte ich loben und mich erfreuen an einer wieder gefundenen Beziehung zu mir selbst und zu Gott. Voller Freude konnte ich Gott loben und mit Paulus Brief an Timotheus singen;

Ich bin voller Dankbarkeit ihm gegenüber. Er hat mir die Kraft gegeben, er hat mich würdig gefunden und hat mich zu seinem Diener gemacht, ich der gewalttätig und verachtend war. Er war barmherzig denn ich hatte keinen Glauben und war unwissend.……….

Allmählich fühlte ich wie mein Vertrauen sich in mir erneuerte. Ich fühlte die Liebe und die Grosszügigkeit Gottes und ich konnte Lob preisen.

 

8.- DER RHYTHMUS STELLTE  SICH ALLMAEHLICH EIN

Von da an konnte ich zulassen, was die täglichen Ereignisse, der Weg, die anderen Pilger und Gott mir brachten. Ich fühlte mich wohl in Geist, im Herz und in der Seele, in meinem Körper. All das Gehen, das Wetter, die Schwierigkeiten des Weges führten zur Realität meines Lebens aber es war wie verändert und wie verklärt. Loslassen, immer wieder loslassen, weiter gehen. Dies führt zu einer Befreiung des Kopfes und des Herzens und bringt den Ruf zum Wachsen in der Freiheit. Eine affektive Erleichterung die fortschreitet: Ultreïa, immer weiter.

Der Camino stürzt uns in ein unermessliches spirituelles Abenteuer.

Es wurde der Anfang einer inneren Wandlung. Der weitere Weg, sei es 2005 oder die folgenden Jahre, bis zu meiner Ankunft 2009 füllte jeden Start am Morgen, ich fand einen sicheren und soliden Grund unter den Füssen, ein menschliches und spirituelles Fundament das jedoch weiter gebaut werden musste. Auf dem Weg konnte ich für mich Pläne schmieden die mit mir im Einklang waren. Später konnten sie konkret werden und bis an mein Lebensende geführt werden.

Nun fand ich den Rhythmus täglicher Gebete und Meditationen wieder, mit Lobpreisungen in der Mitte der Schöpfung und deren visuellen und olfaktiven Schönheiten. Ich fühlte auch wieder das Bedürfnis in die Kühle der Kirchen zu gehen, einerseits wegen ihrer Frische aber auch wegen der christlichen Eucharistie. An dieser versuchte ich wenn möglich bei jeder Etappe teilzunehmen, manchmal feierte ich sie mitten in der Natur, in der Schönheit der Schöpfung.

Meine Wanderung wurde zu Gesang und Lob. In Astorga  aber zwangen mich die Schmerzen meine Pilgerreise zu unterbrechen. Jedes Mal wenn ich meine Wanderung unterbrechen musste, wurde  es zu einer Zerreissprobe. Ein Mönch,  der um 1 und 5 Uhr zum Gebet aufstehen musste, sagte mir von der Freude nachts zweimal wieder einschlafen zu dürfen. So war auch meine Freude, immer wieder auf den Weg gehen zu dürfen.

Mit Charles de Foucauld betete ich dieses Gebet zum Loslassen: Vater in Dich verlasse ich mich. Mach mit mir was Dir gefällt. Was auch immer Du mit mir machst ich danke Dir….

9.-EINIGE STECHENDE BEGEGNUNGEN

Auf dem Weg sind Begegnungen täglich. Oft sind es die gleichen Personen. Jemand sagte mir, in den Weg steigen ist wie  in einen Zug steigen, wir gehen alle in die gleiche Richtung, gewisse verlassen ihn schneller, andere steigen Unterwegs zu und wir sind eingeladen mit den gleichen Personen zu reisen.

Es gibt Leute die Kontakt suchen  um mit uns eine Ertappe zu gehen. Wenn wir die Einsamkeit  gewählt haben so stört es uns bis wir merken, dass wir zur gewohnten Meditation auch später Zeit finden werden. So wich ich den Begegnungen nicht mehr aus denn es war wie Christus der mich einholte.

Das Kreuz an meinem Stab interpellierte, nicht selten fragte mich ein Pilger ob ich gläubig sei oder sogar Priester ! Im allgemeinem wurde dadurch das Vertauen und die Oeffnung des Herzens erleichtert.

Zwei Begegnungen haben mich besonders berührt. Die erste, zwischen Leon und Astorga, war eine Frau, der ich schon früher begegnet bin. Wir grüssten uns höflich, das war alles. Eines Morgens, um sieben Uhr, besuchten wir zusammen eine Kirche und nachher eine Bar zum Frühstück. Sie näherte sich mir und fragte woher ich komme. Wir waren beide schweizer und sie erzälte mir ihre Lebensgeschichte. Ihr Sohn wurde, vor zwei Jahren, in einem Unfall getötet. Sie litt so, dass sie entschloss den Weg nach Santiago zu unternehmen, ausgehend von ihrem Domizil im Jura. Sie erzälte mir ihren schweren Weg, nicht nur im Körper, auch in der Seele. Sie zweifelte und glaubte nicht nach Santiago zugelangen. Weinend sagte sie mir : Ich kann dir sagen an welchem Ort auf dem Weg, an welchem Tag und Stunde  ich meinen Sohn losgelassen habe. Wärend Tagen weinte ich sagte sie aber jetzt bin ich befreit. Auch wenn ich nicht nach Santiago komme, ich habe meinen Weg gemacht. Wir feierten diese Befreiung zusammen. Ich sagte ihr, dass ich Priester sei, worauf sie mir weinend in die Arme fiel und sagte : der Herr hat dich  auf meinem  Weg gestellt. Was für eine grosse und schöne Emotion ! In diesem Moment bin ich auch einen Schritt weiter gekommen in der Trauer um meine Mutter und bin in ein stärkeres und tieferes Vertrauen in Gott getreten. Wir marschierten dann zusammen bis nach Astorga, wo auch mein Weg endete.

Der Jakobsweg, ein Weg der Wandlung, ein Ritual des Ueberganges, eine Befreiung, eine Veränderung !

Eine weitere Begegnung hat mich auch sehr berührt. Zwischen Burgos und Leon begegnete ich öfters einem Ehepaar. Wir treffen uns am Abend wärend einer ganzen Woche in der gleichen Herberge. Am zweiten Abend kommen wir ins Gespräch und auch die nächsten 3 Abende wieder. Es waren Kanadier, seit 25 Jahre verheiratet, mit 2 Kindern. Ihre Ehe drohte auseinander zu gehen. Der Weg war ihre letzte Chance. Sie fühlten, dass der Weg ihnen innerlich half. Jeder wagte es von sich selbst zu reden, von seiner persönlichen Geschichte. Sie entdeckten sich wieder und verliebten sich erneut dank ihrem Glauben und Gebeten. Zusammen haben wir dieses Wiederfinden gefeiert. Ich habe den Kontakt mit ihnen behalten und denke oft an ihre Geschichte wenn ich mit Jungverheirateten und Paaren in Schwierigkeiten bin.

 Es gab noch all die anderen Begegnungen und ich fühlte mich wohl in meiner Mission als Pfarrer und Zeuge des Evangeliums, so zum Beispiel als ich das junge Mädchen mit ihren verletzten Füsse traf. Sie waren in sehr schlechtem Zustand und brauchte viel Verbandstoff. Und sie lief dann weiter unter Qualen.. Welchen Mut, was für einen Willen hatte sie !

 

 

10.- WELCHES IST DIE PRAESENZ DER KIRCHEN AM WEG UND BEI DEN PILGERN ?

Es gibt natürlich am Weg viele Kirchen und Klöster. In einigen findet der Pilger historische Informationen, spirituelle Stützen, Infos über den Wegverlauf. Oft begegnen wir freiwilligen Helfern und Priestern, die uns zu einem Gespräch einladen. Meine Frage : wie kann ich als Pilger, getaufter, Gläubiger, Priester dem Andern begegnen ?

Sicher ist : ich bin hier als Priester unter allen andern. Ich bin nicht hier um zu bekehren, den andern meinen Glauben aufdrängen. Ich bin einfach hier so wie ich bin, gerufen mit Humanität und Brüderlichkeit meinen Weg zu gehen.

Eine Gewissheit fühle ich zu tiefst : Gott drängt sich nie auf. Er ist einfach da. Wenn man ihn ablehnt drängt er sich nicht auf und , wie der Abt eines Benediktiner Kloster sagte : « Wie ein unverwüstlicher Verführer fragt er uns : wills du mich, wills du meine Liebe ? »

So sollten wir jedem Pilger begegnen : mit Respekt für sein Leben, ohne ihn zu verurteilen. Wir empfangen ihn wie ein Geschenk in dem wir versuchen, ihn in seinem Leiden, seinem Herzen und seinen Fragen zu treffen. Auf sein Rhytmus achten und mit ihm  gehen. Mein Zeugniss drück sich aus in meiner Art zu leben, zu sein.  Christus und der Heiligen Geist ist in mir fest verankert. Erinnern wir uns unserer Taufe an der wir geölt wurden. Das Oel wurde auf unsere Stirne gegossen und es duftete fein damit sie anderen Lust macht, das  gleiche zu erleben wie wir es tun. Und Jesus wird sagten : schaut wie sie sich lieben, an dem erkennen wir, dass sie meine Jünger sind.

Das schönste Zeugnis wird sein, die Personen, die sich meiner göffnet haben, in meinem Gebet mit zu tragen. Sie werden somit meine schweigsamen und kostbaren Wegbegleiter und werden in meinem Herz zu Christus getragen.

Jedoch um es zu können muss ich mich vorerst durch Christus verwandeln lassen wollen, wissend, dass ich nur das vermitteln kann was ich in meinem Herzen besitze. Meine Oeffnung muss gross sein denn der Andere, dem ich begegne, besitzt in sich die Tiefe die mich veràndert.

Nach den vorher erwähnten Begegnungen schien es mir so wie bei Maria und Elisabeth, als sie vom Engel erfuhren, dass sie Jesus und Johannes erwarteten. Welche Freude, welches Glück. Und der Freudenschrei : Magnificat…., Es war die Begegnung mit Gott.

Jeder Pilger wird diese Freude empfinden wenn er in Santiago ankommt : aber warum dieser Freudensschrei ? Weil es eine Begegnung gab, mit sich, mit den Andern, vielleicht mit Gott.

All diese Begegnungen werden zu Heimsuchungen.

Sollten nicht alle unsere Kirchen und Gemeinde gleicherweise ausstrahlen ?

 

 11.- MEINE SCHLUSSFOLGERUNGEN

Ich bin aufgebrochen mit vielen Fragen betreffend meiner Aktivität und wie ich es mache.

Ich nahm mir Zeit es zu hinterfragen. Ich habe meine Schutzhüllen abgeworfen.

Dies hat  mich zu mir selber geführt, in das Intime von mir, in das intimste vom Intimen von mir, zu Gott. Gott hat mich zu den Andern geführt ! Ich hatte es nötig, mich und Gott zu zähmen. Ich habe wieder gelernt mich selbst zu lieben. Durch Christus wurde ich geprägt so wie und was ich bin. Ich schritt vom « Tun zum Sein », was auch ein täglicher Kampf bleiben wird.

Diese Sicherheit treibt mich seither vorwärts : Gott hat mich geschaffen, Gott liebt mich, und so ist es wichtig Zeugnis abzulegen was Gott für mich bedeutet. Mein Innerstes ist von Gott bewohnt, ich bin getauft, gläubig und Priester. Ich habe die Einheit und die Freiheit gefunden.

Hier noch ein Text von St Antonius :

Pilger geh, erweitere deine Suche

Geh deinen Weg, nichts hält dich auf

Nimm deinen Teil von Sonne und Staub,

  Dein Herz sei wach, vergiss das Unbeständige !

Alles ist nichts, nur die Liebe ist war

Bind dein Herz nicht ans Vergänglichen

Sag nicht :ich war erfolgreich, ich wurde für meine Mühe bezalt.

Ruhe dich nicht auf deinen Werken aus, sie werden Dich urteilen.

Behalte in deinem Herz das Wort : hier ist dein Schatz.

 

Das letzte Wort nehme ich aus dem Buch « In der Mitte schlägt dasHerz. » von Dr. René Prêtre, dem bekannten schweizer Pedocardiologue :

Der letzte Satz lautet :

Der Sturm legt sich draussen. Meine Lautsprecher übertragen mir die Musik des alten, guten Louis _Amstrong. Immer wieder schwingt das Wort « wonderfull » im Raum. Der Eisregen tanzt weiter, der Himmel ist tief, bewegt und grau,

Mein eigener Horizont ist befreit, in Friede und ruhig.

Es lebt sich gut auf Erden.

 

Liebe Pilgerfreunde, vielen Dank für euer geduldiges Zuhören

Rémy Berchier

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